Si
la question des relations entre « humanitaires, diplomates,
civils et militaires » n’est pas récente, le
«
devoir d’ingérence » et « la
responsabilité de protéger » ont ouvert le champ
à ce que certains appellent désormais la «
diplomatie humanitaire ».
Depuis les opérations militaires en Irak, et plus encore depuis
les conflits en Afghanistan, au Darfour, au Sahel, la question de la
résolution des crises évolue sans cesse et la question
des relations entre militaires, diplomates et humanitaires sur le
terrain en est largement affectée. Car l’implication des
organisations humanitaires, des médias, de grandes entreprises
multinationales, de sociétés de sécurité
privées, d’acteurs non étatiques dans le secteur
institutionnel pose la question de la cohabitation, de la
coopération, de l’intégration des équipes
sur le terrain, avec des objectifs souvent peu conciliables.
Entre les missions confiées aux forces armées, la
recherche de la paix, l’assistance humanitaire, le « nation
building », nombreuses sont désormais les sources de
contradiction sur le terrain dont les populations civiles, ainsi que
les travailleurs humanitaires, sont les premières victimes.
Les défis auxquels le monde doit faire face, qu’il
s’agisse de conflits armés locaux ou internationaux, des
grandes pandémies, des atteintes aux droits de l’homme,
des grands mouvements migratoires, de la lutte contre la corruption, le
terrorisme et les différentes formes de criminalité, mais
aussi qu’il s’agisse des catastrophes naturelles et de la
dégradation de l’environnement, ne peuvent plus être
gérés seulement dans le seul cadre de la diplomatie
interétatique. Ainsi des Etats occidentaux tentent de
répondre à ces défi s en
intégrant les moyens politiques, militaires et humanitaires
disponibles, et n’hésitent pas à
déléguer de plus en plus leurs pouvoirs, assortis de
moyens financiers considérables, aux organisations
multilatérales et aux ONG internationales, instrumentalisant
ainsi le champ humanitaire.
Depuis 20 ans, les acteurs concernés ont progressivement pris
conscience de leur interdépendance et de leurs rapports
réciproques. De nombreuses tentatives d’harmonisation ont
été effectuées mais sans qu’un modèle
général ne se dégage véritablement, chaque
crise restant spécifique.
C’est donc une nouvelle approche qui s’impose
désormais si l’on veut atteindre une forme de
régulation durable des zones en crise.
C’est dans cet esprit que l’Ordre de Malte et la Marine
nationale française, qui ont des préoccupations
convergentes, ont choisi d’organiser cette rencontre avec des
personnalités internationales représentatives des grandes
institutions militaires et civiles plus particulièrement
engagées dans les actions humanitaires, afin de
déterminer les pratiques et les principes d’action qui
doivent être mis en œuvre par les différents acteurs
sur le terrain, et de définir ensemble la finalité et
l’éthique de ces types d’engagement.
Le Bailli Jean-Pierre Mazery
Grand Chancelier de l’Ordre souverain
Militaire Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem,
de Rhodes et de Malte
|
Amiral Pierre-François Forissier
Chef d’Etat-Major de la Marine nationale
|
|